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« Oui » ce petit mot est si anodin et pourtant !
Je l’entends encore, il résonne dans mes oreilles en permanence depuis que …
[La veille au soir dans la demeure familiale]
« Felyhne, ma chérie ! Peux tu nous rejoindre ? »
C’est la voix de maman qui m’appelle dans l’escalier.
Comme souvent ces derniers temps j’étais en train de penser à mon prince charmant. Ma plume vole dans mon carnet.
Toutes les pages sont recouvertes du même dessin.
Je le trouve si beau. Il est si fort. En même temps il est d’une tendresse et d’une sensibilité qui le rendent absolument craquant.
« J’arrive maman » Je me vois encore pousser un profond soupir en me retournant sur le lit où j’étais affalée.
Je descends les marches perdue dans mes rêves, légère.
J’arrive dans le salon et là j’entend que maman n’est pas seule. Je frappe et j’entre.
« Kanaliou ! »
C’est mon grand ami –Drop-Kanal- qui tient compagnie à maman. Je peux dire grand ami car je passe tant de temps avec lui.
Nous aimons partir maman, Kanal et moi en excursion.
Ce moment reste gravé au fer rouge dans ma mémoire.
Je l’ai embrassé pour lui dire bonjour puis je me suis assise.
« Felyhne, Kanal est venu ce soir pour me demander quelque chose. J’y ai répondu favorablement si toutefois tu es toi-même d’accord évidemment.
Je les ai regardés chacun à tour de rôle : Comment maman pouvait-elle se remarier alors que l’on ne savait toujours pas ce qu’il était advenu de mon père ?
Maman avait une telle mine radieuse. J’en étais choquée.
Et là, Kanal se lève, se plante devant moi, pose un genou à terre et me dit
« Ma chère Felyhne, j’ai l’honneur de te demander si tu consentirais à faire de moi l’Enutrof le plus heureux et le plus riche du monde. Veux tu être ma femme ? »
Il me glisse un écrin dans la main. Je l’ouvre pour y découvrir une bague.
Le ciel m’est tombé sur la tête.
« Je… je… » Impossible de prononcer le moindre mot. Je suis estomaquée.
« Allons Kanal, laissons lui le temps de réaliser, je crois que le bonheur la laisse sans voix. »
Les paroles de maman sont si creuses, si inappropriées.
« Oui tu as raison Lyhne » Il sourit et m’embrasse sur le front.
« Je me sauve et vous laisse. Je repasserai demain matin pour recevoir ma réponse. »
Il est parti et je n’ai toujours pas prononcé une seule autre syllabe. Je suis tétanisée sur le fauteuil.
Maman reviens après l’avoir raccompagné à la porte.
« Oh ma chérie comme tu dois être heureuse ! »
Et là je n’ai plus pût me retenir. J’ai éclaté en sanglots sur l’accoudoir.
Maman s’est agenouillée devant moi, au même endroit où Kanal venait de me faire sa demande.
« Maman. J’aime beaucoup Kanaliou mais ce n’est pas lui que je veux. J’en aime un autre. »
« Pardon ? Comment est ce possible ? Qui est-ce ? Est-il sérieux au moins ? Quelles sont ses intentions vis-à-vis de toi ?
Je veux ce qu’il y a de mieux pour toi ma chérie. Et franchement Kanal sauras parfaitement s’occuper de toi.
Nous le connaissons bien et nous pouvons toujours compter sur lui »
J’ai couru jusqu’à ma chambre. Je m’y suis enfermée et je me suis jetée sur le lit pour pleurer encore et encore.
Quand mes larmes se sont taries, j’ai un peu repris mes esprits.
J’entendais maman venir régulièrement à ma porte pour écouter.
J’ai attrapé les cordes qui maintenaient les tentures. Je les ai attachées au pied du lit, j’ai ouvert tout doucement les fenêtres et j’ai enjambé le rebord.
Heureusement ma chambre est au premier étage.
J’ai couru au seul endroit où je pouvais trouver du réconfort.
Il m’a ouvert et tout de suite à vu que j’avais un problème. Après un instant d’hésitation il m’a fait entrer.
C’était la première fois que je lui rendais visite chez lui. Nous nous donnions toujours rendez vous chez moi.
J’avais tant besoin de son réconfort. J’espérais qu’il trouverait une solution. J’espérais qu’il propose LA solution.
Je lui racontais les évènements de la soirée comme je viens de le faire avec vous.
Il me regardât gravement. Son beau visage sérieux si proche du mien.
Il m’avait assise et se tenait accroupi devant moi pour être à ma hauteur.
« Felyhne » Je sens sa main sur ma joue, essuyer mes larmes.
« Je suis déjà marié. Et je ne puis te proposer ce que tu attends de moi. »
Et là le sol c’est ouvert sous mes pieds. Je sombrais dans l’horreur
« En d’autres temps, nous aurions pus nous unir mais j’ai déjà des obligations familiales et ne puis les rompre. »
Sa voix s’estompait. Je n’entendais plus rien, je le voyais parler mais aucun son ne me parvenait.
J’ai dû m’évanouir car quand j’ai rouvert les yeux j’étais à nouveau chez moi, allongée sur la canapé.
J’entendais maman remercier quelqu’un et refermer la porte.
Quand elle revint dans le salon nous n’échangeâmes aucune parole. C’était inutile.
Elle me caressa les cheveux comme elle le faisait si souvent quand j’étais enfant.
Et nous restâmes ainsi à regarder les flammes dans la cheminée jusqu’à ce que pointent les premières lueurs de l’aube et que les braises s’éteignent.
La cloche de l’entrée tintât.
Maman alla ouvrir à Kanal qui venait chercher sa réponse.
Il portait un chapeau Haut-de-forme et une queue de pie. Il me tendît un magnifique bouquet.
« Ma douce Felyhne, tu es rayonnante. As-tu une réponse à me donner ? »
Je fermait les yeux puis les rouvrit en souriant timidement.
« Oui »
Je vît maman ouvrir la bouche pour protester mais lui fît signe de se taire. Je venais de prendre ma décision.
Kanal m’enserra dans ses bras en explosant de joie.
« Tu me combles du plus grand des bonheurs. Il faut que l’on organise tout cela au plus vite. »
Et me voici en train de publier les bans, de faire les essayages, de voir les traiteurs.
Et j’entends encore et toujours mon « oui » pourtant chuchoté dans un souffle, qui résonne à mes oreilles aussi durement que le tonnerre.
Mais ce qui est le plus dur c’est que quand je ferme les yeux, je ne vois que mon doux sacrieur m’embrasser tendrement.
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